LE MUKBANG EN CORÉE DU SUD

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Né en Corée du Sud, le Mukbang consiste à regarder des streamers dévorer d’énormes quantités de nourriture en live. À mi-chemin entre spectacle et réconfort social, ce phénomène est devenu un business lucratif, où certaines stars gagnent des millions grâce aux vues et aux dons des fans. Mais derrière ces festins se cachent des dangers : troubles alimentaires, solitude et pression extrême pour les créateurs. Pourtant, le Mukbang ne se limite plus à la Corée : il s’est imposé sur YouTube et TikTok à travers le monde, fascinant toujours plus de spectateurs.

Mukbang : simple divertissement ou obsession inquiétante ?

Le mukbang en Corée du Sud a fait ses débuts vers 2009 sur la plateforme AfreecaTV, transformant un simple repas en spectacle digital. Le concept est simple : des créateurs de contenu, appelés « BJ » (Broadcast Jockey), se filment en train de manger d’importantes quantités de nourriture tout en interagissant avec leur audience.

Selon une étude de la Health Informatics Journal publiée en 2020, ce phénomène répond à un besoin profond de connexion sociale dans une société où manger seul devient de plus en plus courant.

Le mukbang en Corée du Sud s’est rapidement imposé comme une forme de divertissement unique, mêlant gastronomie et performance. Les spectateurs sont fascinés par la capacité des créateurs à consommer d’énormes quantités de nourriture, mais aussi par l’ambiance conviviale et l’aspect ASMR des vidéos, avec les sons de mastication et les réactions expressives des hôtes.

Un business juteux : comment les stars du Mukbang gagnent des fortunes

mukbang streamer

L’aspect financier du mukbang révèle un écosystème économique florissant. D’après KoreaTimes, Heebab, une Youtubeuse connue pour ses live-streaming où elle se filme en train de manger des quantités énormes de nourriture, a avoué avoir gagné l’équivalent de 25,000 euros en septembre 2024. 

Des célébrités comme Banzz ou Tzuyang ont transformé leur passion en empire commercial, avec des revenus dépassant le million de dollars annuel.

Les sources de revenus sont multiples : dons en direct des fans, publicités, sponsoring par des restaurants et marques alimentaires, et merchandising. The Korea Herald a souligné que certains créateurs négocient des contrats exclusifs avec des chaînes de restauration pour promouvoir leurs nouveaux produits, pouvant atteindre 100 000 dollars par campagne.

Cette professionnalisation du secteur a créé un véritable écosystème économique autour du mukbang en Corée du Sud, attirant de plus en plus d’aspirants créateurs.

Les dangers cachés du Mukbang : santé, solitude et dérives

Derrière le divertissement se cachent des risques sérieux.

Une étude publiée en 2024 dans le BMC Nutrition Journal a révélé que les adolescents sud-coréens qui regardaient fréquemment des vidéos de mukbang étaient plus susceptibles d’être obèses que ceux qui ne les regardaient pas.

De plus, une étude de 2024 a montré que regarder des émissions de mukbang était associé à des troubles anxieux généralisés chez les adolescents coréens, suggérant que des interventions appropriées en santé mentale sont nécessaires pour les adolescents qui regardent ces contenus.

Ces recherches soulignent les dangers potentiels du mukbang pour la santé physique et mentale, notamment en ce qui concerne l’obésité, les troubles alimentaires et les problèmes de santé mentale chez les jeunes spectateurs.

Un phénomène qui dépasse la Corée : pourquoi le Mukbang cartonne partout ?

nikocado avocado

L’expansion internationale du mukbang illustre sa capacité à transcender les frontières culturelles. Selon une analyse de YouTube Trends, les vidéos de mukbang accumulent des milliards de vues annuelles, avec une croissance exponentielle depuis 2015.

Le mukbang en Corée du Sud a inspiré des créateurs du monde entier, chacun adaptant le concept à sa culture locale.

Aux États-Unis, des youtubeurs comme Stephanie Soo ou Nikocado Avocado ont construit des communautés de millions d’abonnés. Ce succès mondia est attribué à plusieurs facteurs : la mondialisation des habitudes alimentaires, la curiosité culturelle, et le besoin universel de connexion sociale autour de la nourriture.

Les réseaux sociaux comme TikTok ont également contribué à populariser le format avec des versions plus courtes et dynamiques, touchant un public toujours plus large.

Mon anecdote personnelle

mukbang studio

Lors d’un voyage à Séoul, j’ai eu l’occasion unique d’assister à l’enregistrement d’un mukbang en Corée du Sud dans un petit studio d’Hongdae.

C’était en 2019, et une amie qui travaillait dans la production m’avait invité à observer les coulisses d’un tournage avec une BJ montante de l’époque.

Ce qui m’a le plus marqué, c’était la préparation minutieuse avant le direct : trois heures de mise en place pour un show d’une heure ! La créatrice avait tout un rituel : elle disposait méticuleusement chaque plat sous les lumières, ajustait ses micros ASMR, et répétait même certaines expressions qu’elle utiliserait pendant le stream.

Le plus surprenant était de voir son équipe de deux assistants qui coordonnaient la livraison des plats avec cinq restaurants différents pour que tout arrive chaud et au bon moment. Je me souviens particulièrement d’un instant où elle a dû refaire toute l’installation car l’angle d’un bol de ramyeon n’était pas optimal pour la caméra.

Cette expérience m’a fait comprendre que derrière l’apparente spontanéité de ces diffusions se cachait un véritable travail de professionnel.

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